Ophélie était une Birmane seal point, comme sa mère Iphigénie, à laquelle elle ressemblait beaucoup. Au regard du standard de la race, elle n’était pas parfaite, car sa queue marron foncée se terminait par un petit plumeau blanc. Cela faisait cependant partie de son charme. En outre, son museau était un peu trop triangulaire, évoquant l’origine réelle du Birman, issu du siamois et du persan.
Elle était câline, moins cependant que son frère Othello, un moteur diesel ambulant. Nous ne faisions évidemment pas de différence entre le traitement de nos deux chatons, mais les enfants ont vite développé une affection particulière pour Othello, ce chaton affectueux et tranquille qui s’était fait adopter en restant deux heures sur mes genoux sans bouger à notre retour de Normandie.



Ophélie chatte intellectuelle ? Non… Chatte de lit !


Assez rapidement, frère et soeur devinrent papa et maman : Ophélie se trouva, vers 14 mois, maman de trois petites chattes : Peluche (que nous avons gardée), Princesse, donnée à notre fidèle femme de ménage qui s’occupait si bien des chats en notre absence et Prunelle, donnée à une amie. Je me souviens qu’il y avait aussi un petit mâle qui n’a pas survécu et que j’ai dû faire disparaître avant que les enfants ne soient trop tristes!

Peluche arriva donc parmi nous fin mars 1999 … pour plus de 19 ans ! Ophélie, Othello et Peluche du Triangle d’Or …. et notre trio resta inséparable jusqu’à la mort d’Ophélie en 2013.

Fin 1999, nous avons été pris de vitesse : Ophélie eut une seconde grossesse qui se termina plutôt mal par une césarienne mais nous donna une petite Rosalie qui transforma notre trio en quatuor. Pendant plusieurs années, la maison fut remplie des voix des quatre enfants et des miaulements des quatre chats.
En 2003 j’ai connu une rupture difficile avec l’homme rencontré en 1996, Patrice, juste après ma séparation d’avec Erik. Nous avions vécu environ 6 ans d’une histoire assez cahotique. Avec quelques beaux souvenirs à l’actif, notamment de nombreux voyages à deux quand les enfants étaient avec leur père, mais aussi des mensonges et de sa part et une sensation permanente d’insécurité avec lui. Alors que je portais à bout de bras ma famille et mon travail, devenu assez absorbant puisque je dirigeais une équipe d’experts, je ne recevais de sa part que des critiques. Mes enfants ne l’aimaient pas. Cet homme était en réalité assez perturbé, ce que je ne découvris que peu à peu.
La déprime est contagieuse et, moi qui suis plutôt solide, j’ai failli plonger. Une première rupture en 2002 pour me préserver, puis un an de relances et sollicitations de sa part jusqu’à ce que je lui revienne et … qu’il me rejette en me rendant responsable de nos difficultés. Je ne m’étendrai pas ici sur cet épisode douloureux de ma vie. En me documentant alors pour essayer de comprendre, j’ai découvert ce qu’on appelle un pervers narcissique. Mais je ne regrette pas cette partie de mon histoire car il est sans doute un des hommes que, pendant nos premières années du moins de relation, j’ai le plus aimé dans ma vie. La rupture m’avait affectée. Après une courte période de tristesse, je cherchais davantage à me distraire qu’à m’engager dans une nouvelle relation durable !
Peu à peu ensuite, un après l’autre, mes enfants prirent leur autonomie . Grégoire partit étudier en Australie puis à Singapour, Alice à Angers et Taiwan puis rencontra son amour de jeunesse , Annabelle partit travailler et vivre à Londres. Et moi je me suis retrouvée seule avec quatre chats !
L’appartement était devenu bien trop grand, je n’avais pas encore rencontré de compagnon avec lequel je souhaitais partager davantage que des bons moments. Peu à peu, je formai le projet de vendre mon appartement et d’aller retrouver sur la côte d’azur le soleil qui avait éclairé mon enfance. Mon activité de consultant à l’international n’imposait pas de vivre à Paris.
En 2013, Ophélie commença à s’affaiblir, elle respirait mal. Le vétérinaire prescrivit des piqûres de cortisone, mais sans nous laisser beaucoup d’espoir. Elle avait 15 ans et une tumeur pulmonaire. J’envisageais d’abréger ses souffrances, en accord avec notre vétérinaire, mais ma femme de ménage qui l’adorait, car elle était la mère de sa « Princesse », me proposa de la prendre chez elle pour la soigner.
Elle insista tant que je lui dis de faire comme elle le voulait. Comme si Ophélie était sa chatte, ce qui était d’ailleurs un peu le cas depuis le temps qu’elle la connaissait.
Je savais qu’Ophélie risquait de mourir en mon absence: j’étais souvent en déplacement professionnel à cette période. En effet bien qu’à la retraite, j’avais créé ma petite entreprise de consultant et effectuais des missions en Afrique. Ophélie mourut en juillet 2013 dans les bras de cette dame exceptionnelle qui l’avait vue naître et aimée pendant 15 ans comme moi-même. Son alter ego Othello dit Grosloup devait la rejoindre au « paradis des chats » un an et demi plus tard.
Dans l’intervalle, je venais de rencontrer mon actuel compagnon et de concrétiser ma décision de vendre l’appartement de la rue Le Verrier, d’acheter un appartement plus petit à Paris dans un immeuble récent avec ascenseur et parking pour mes vieux jours … et une maison à Antibes. Avec la survivante de la famille féline : Peluche
